Tu as des secrets de fabrication ? Le groove. C’est le groove qui me donne le son. Il faut que ça me plaise aussi. On donne, on reçoit. C’est un échange.
Concernant Lunatic, comment te retrouves-tu dans cette aventure ?Je ne me souviens plus. Je me retrouve à mixer avec Jean-Pierre Seck et Géraldo. Ce sont des gens que je croise pendant Les Liaisons Dangereuses, qui est vraiment l’album des connexions. Ca a duré huit mois au studio Twin, pour l’enregistrement puis 1 mois au studio + 30 pour le mixage. Je n’avais jamais vu un budget d’album pareil.
Tu dois avoir des heures de bandes inédites ? Oui. Il y a de tout. Il faudrait faire une intégrale, une réédition Deluxe, retrouver déjà le directeur artistique de l’époque, Thierry Planelle. Il connaissait son boulot et son artiste. Pour les bandes, il faudrait demander à Virgin. Mais le producteur de Renaud, Thomas Noton, qui a fait l’inventaire des bandes EMI, il y a quelques années doit savoir.
Quel est ton rapport avec les artistes ? Par exemple pour Temps Mort de Booba l’équipe des 45 Scientific était passé me voir au studio + 30 alors que je mixais l’album X Raisons du Saian Supa Crew. Ils n’avaient pas l’air contents de la première version de l’album. Ma seule demande a été d’être seul et tranquille avec Booba afin d’éviter toute interaction extérieure. Le lendemain, j’avais commencé avec le titre « Indépendant » Tout le staff a déboulé au studio pour écouter et valider. À la fin du titre ils se sont tous regardés et Géraldo m’a dit : « À partir de maintenant, tu seras tranquille avec Booba ». C’est un grand disque.
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l a amené quoi, Booba ? Sa vibe. Après, il peut me dire « Vas-y, vire ce cut-là ». Moi, je fais les cuts au feeling à la console, pas à la souris. Tu mets voix, batterie et puis c’est le flow de la voix qui t’amène au cut. Sur « La Lettre » dans Mauvais œil il y a des cuts qui sont devenus hyper célèbres , quand tu regardes le DVD de la tournée à Marseille : tout le monde connaît les cuts par cœur c’est génial.
Le rap français, il y a des moments où ça t’a gonflé ?A un moment donné, j’avais l’impression d’être devenu une usine. Je faisais dix trucs de rap par an, je devenais fou. Je fais des cuts, des suivis, des cuts, des suivis. Tu as besoin de vacances… Puis je me suis retrouvé à produire le premier album d’Anis, La Chance. Ça a été un virage ce disque. J’ai mis le hip-hop entre parenthèses durant quelques années et ça m’a fait du bien. Je suis parti faire du hard rock à Berlin, un peu d’électro, c’était cool. Je suis revenu, j’ai fait des musiques de films, mixé Le Roi Lion en 14 langues.
Je me rebranche sur le hip-hop quand je croise Fonky Flav de 1995 dans le couloir d’un studio qui me dit : « Excuse-nous, on est en retard sur le mix aujourd’hui…ha c’est toi Mitch ça te brancherait de venir mixer un ou deux titres sur l’album ? - Bien sûr ». Je ne les connaissais pas et en fait j’ai mixé neuf ou dix titres sur l’album Paris Sud Minute. Je me suis remis un peu au rap en mixant l’album de SCrew et celui de L’Entourage.
Il y a le JoeyStarr Nathy, l’album Caribbean Dandee.Joey, c’est une rencontre tardive mais je crois qu’on a bien rattrapé le temps perdu. Une belle aventure , je souris quand j’écoute l’album encore aujourd’hui.
Entretiens avec Olivier Cachin.
Remerciements à Julien Lienard, Christophe Boulain et Sébastien Fallourd pour leurs photos.